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5. ETE 1968
L'été comme un enfant s'est installé
Bref, le 30 mai, le général de Gaulle est de retour. Revigoré et combatif, il s’exprime à la radio sans faillir :
La normalisation est rapide : l’essence revient dans les pompes le 1er juin, les Français partent en week-end, la police occupe l’ORTF le 3 juin et en chasse les grévistes, la RATP et la SNCF se remettent au travail le 5 juin, une « reprise » qui fait la Une du journal télévisé. Une reprise partielle, en fait. Des grèves se poursuivent sporadiquement dans les grands magasins, dans la métallurgie, à l’ORTF mais beaucoup de salariés semblent apprécier les avancées substantielles du mois de juin : le SMIG est relevé de 35%, les salaires du public augmentent de plus de 10%. Toutefois, les relations sociales ne sont pas encore apaisées dans nombre d’entreprises et en particulier dans l’automobile. Le 10 juin ont lieu des affrontements autour de Renault-Flins, alors que des lycéens et des étudiants sont venus soutenir les ouvriers en grève. Gilles Tautin, élève de 1re C au lycée Stéphane-Mallarmé et militant de l’UJCml (maoïste), meurt noyé dans la Seine en tentant d'échapper à une charge de gendarmes mobiles, aux abords de l'usine Renault-Flins à Meulan. De toute évidence, le pouvoir a choisi l’épreuve de force pour mettre au pas la contestation ouvrière dans le secteur automobile, tout en contournant la forteresse syndicale de Renault-Billancourt. Deux nuits d'émeutes et de barricades suivent cet événement et de violents affrontements opposent les forces de l'ordre et étudiants au quartier latin. Le 15, Gilles Tautin est enterré au cimetière des Batignolles, où sont entonnés Le Chant des survivants et Le Chant des Martyrs. Son portrait géant est porté par deux ouvriers de Flins et accompagné par quatre à cinq mille personnes. Tautin n’est pas mort pour rien car deux jours plus tard un compromis permet la reprise du travail sur ces bases : paiement de 50 % des jours de grève, salaires augmentés de 10 %, réduction de la durée du travail de 1 h 30 par semaine, droits syndicaux " étendus " à l’atelier, clauses anti-grève supprimées en partie et prime trimestrielle payée. Les morts de 1968 ont suscité une vive émotion, d’autant que le 11 juin, des affrontements à Sochaux, le fief de Peugeot, ont fait de nouvelles victimes, Pierre Beylot et Henri Blanchet, 24 et 49 ans. Le premier a été tué d'une balle tirée par un CRS, le second a chuté d'un mur (cf le film Sochaux, 11 juin 1968) et il y a au moins 150 blessés ! Autres victimes à déplorer durant les événements du printemps, le commissaire de police René Lacroix, écrasé à Lyon le 24 mai par un camion conduit par des manifestants et Philippe Mathérion, 26 ans, mort le même jour au Quartier latin dans des circonstances mal définies (blessé rue des Ecoles par un éclat de grenade offensive?). L’une des conséquences de ces affrontements – en particulier la brutalité débridée des CRS près des usines occupées – est la radicalisation dans les années 1970 d’une frange de l’extrême-gauche et aussi la montée de la haine anti-policière, avec des références historiques qui vont du début des années 1960 (le 17 octobre 61, le métro Charonne en 1962) aux événements de 1968 (le 13 mai 68, le 11 juin etc.). Cette radicalisation se nourrit aussi du drame de 1972, où le militant maoïste Pierre Overney est tué par un vigile de Renault à la sortie de l’usine de Billancourt.
Tandis qu’en France les élections législatives du 23 et 30 juin entrainent un raz de marée gaulliste (inimaginable 15 jours auparavant, comme quoi l’histoire est faite de rebondissements imprévus !), le reste du monde n’en pas fini avec mai-68. Les pays les plus agités restent la Tchécoslovaquie de Dubcek, le Japon (en particulier l’université Keio de Tokyo), le Mexique et… les Etats-Unis.
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