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Extraits de la séance parlementaire du 11 novembre 1918
Il faut attendre quatre ans pour qu'une loi fixe l'anniversaire de l'Armistice comme fête nationale : JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE Comme le souligne très bien Rémi Dalisson (Célébrer la Nation, Nouveau Monde édition 2009, page 295), la loi de 1922 est un compromis original qui crée un modèle original. Il n'y a en effet pas de défilé militaire, mais des drapeaux en berne ; la solidarité de la Nation se construit avec les morts (on lit la liste dans chaque commune devant le monument aux morts, avec minute de silence, sonneries et quêtes). La "fête" du 11 novembre n'est en rien festive : il n'y a aucune réjouissance, on célèbre la paix des cimetières et non la victoire, on ranime la flamme du soldat inconnu dont les restes ont été déposés sous l'Arc de triomphe le 11 novembre 1920. La République s'efface devant les morts et laisse les apologies patriotiques à la fête de Jeanne d'Arc ou bien à celle du 14 juillet. Jour férié et chômé, que ne régit pas la loi de 1905, le 11 novembre est tout à la fois laïc et religieux, mélangeant la la liturgie des combattants, les hommages des écoles et des élus aux messes et service funèbres, parfois au son des cloches. Quelques jours après le vote de la loi et avant la cérémonie du 11 novembre, on pouvait lire cette adrese des anciens combattants et mutilés du Loiret : Fête nationale du 11 Novembre Appel au Peuple Citoyens! La variété des 30 000 (?) monuments aux morts est infinie (lire les Lieux de mémoire de P.Nora, Tome I, chapitre 2), avec une certaine tolérance à la fois dans les styles architecturaux et dans les thématiques ("Maudite soit la guerre", "hommage aux héros de l'armée noire" etc.). Les plaques commémoratives se trouvent également dans les établissements publics, ainsi dans les lycées. (monument aux morts de Broglie, Eure) Hall du Lycée Louis-le-Grand dans les années 1950 et ses plaques commémoratives Depuis quelques années, un débat s'est engagé sur le maintien de ce jour férié. En 2008, la commission Kaspi (du nom de l'historien) a conseillé d'alléger le calendrier à trois commémorations annuelles seulement mais elle a conservé le 11 novembre ainsi que le 8 mai (victoire de 1945) et bien sûr le 14 juillet (fête nationale). À défaut de «poilus» aujourd'hui tous disparus, les cérémonies réunissent désormais devant les monuments aux morts des vétérans des autres guerres, la Seconde Guerre mondiale et même les guerres d'Indochine et d'Algérie. De plus, la commémoration franco-allemande du 11 novembre 2009 a marqué un tournant symbolique et un pas de plus vers la réconciliation mémorielle (la réconciliation historique est déjà actée!). Il se pose aussi la question (très française) de la "commémoration scolaire" . Dès 1922, les ministres s'inquiètent de la rupture que ce 11 novembre introduit dans le travail scolaire, d'autant que "le niveau baisse" depuis la fin de la Grande Guerre. On lira à ce sujet l'article très documenté de Brigitte Dancel (ENSEIGNER L'HISTOIRE DE LA GRANDE GUERRE ET COMMÉMORER L'ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE À L'ÉCOLE PRIMAIRE) qui analyse parfaitement les diverses instrumentalisations politiques du 11 novembre en matière scolaire. Les documents publiés ci-dessous sont tirés de son étude.Le Manuel Hachette 1932, dans la droite ligne de 1918 Manuel sous Vichy (1941), un "1918" sans 11 novembre, qui annonce de "graves dangers", ceux qui ont amené la défaite de 1940. A partir de de la Libération, la perspective mémorielle inclut les deux guerres mondiales, avec un rapprochement entre le 11 novembre 1918 et le 11 novembre 1940, désormais considéré comme l'un des premiers grand actes de la résistance intérieure. Manuel Belin 1947 En travaillant un peu sur cette période, j'ai retrouvé les cahiers de collège/lycée de mon grand-père paternel. Trop jeune pour aller sur le front, il fit partie de cette génération, née en 1902 dans la prospérité de la Belle Epoque qui a été fortement marquée par la guerre (lire le travail magistral de Stéphane Audoin-Rouzeau, La guerre des enfants 1914-1918. Essai d’histoire culturelle, Paris : Colin, 1993). Celui-ci a vécu le conflit à sa manière, en écrivant et en dessinant lorsqu'il était au collégien au lycée Montaigne. Cette belle série de croquis mérite assurément d'être montrée (à noter que mon grand-père deviendra...pharmacien, ce qu'annoncent peut-être les dernières images).
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