Internet, un instrument pour les études sur l'Angleterre victorienne
(Etudes Anglaises, vol. 55, n°1, (2002), pp. 51-61).
En quelques années, l’intérêt que présente Internet pour les chercheurs en civilisation, en histoire, et en littérature britanniques a évolué de façon significative. Les sites à vocation universitaire se sont considérablement multipliés et enrichis. Il faut, bien sûr, se garder de magnifier à outrance l’utilité de la Toile, et ne pas verser dans la caricature, comme avec l’exemple de Jean Guitton qui avait passé dix ans à traquer les différents emplois du mot infini dans l’œuvre de Plotin, et se rendait compte que l’opération était désormais possible en quelques secondes... Mais Internet est indéniablement devenu un outil nécessaire à une recherche en sciences humaines, dont il facilite plus ou moins, selon le domaine, l’efficacité. En histoire et en civilisation, la Toile ne peut, bien sûr, remplacer le travail sur les sources, mais elle peut au moins en simplifier l’accès, ainsi que les échanges avec d’autres chercheurs travaillant sur les mêmes domaines. Internet offre aussi une aide substantielle à l’enseignement.
Internet donne ainsi accès, depuis un ordinateur, à des données encyclopédiques, pour lesquelles il faut autrement se déplacer, chercher souvent longtemps et parfois sans succès. Le faible coût de la mise en ligne de données nouvelles multiplie le volume de ce qu’on peut trouver sur le web. De plus, la facilité d’utilisation pour ceux qui conçoivent et entretiennent les sites Internet fait que les données disponibles sur la Toile sont souvent plus à jour que les ouvrages historiques, rarement réédités. Enfin, les liens hypertexte donnent une très grande souplesse de consultation. L’hypertexte suscite également une nouvelle structuration du savoir en " hyperdocument ". Celui-ci présente d’une part les avantages de la multimodalité, puisque, comme sur un CD-ROM, texte, images, documents audiovisuels ou sonores peuvent se côtoyer. Il présente également celui d’une multiplicité de contextualisations : un même document est accessible par différents parcours, différents circuits. On peut ainsi, par exemple, parvenir à une illustration à l’occasion de recherches sur son auteur, mais aussi également par le sujet concerné, par la période de parution, par le type d’illustration, etc. De même, à partir d’un hyperdocument donné, l’internaute peut s’orienter dans différentes directions.
Bien sûr, les sites fort documentés en côtoient quelques-uns qui sont des coquilles vides, d’autres qui n’ont pas été actualisés depuis des années, et un certain nombre de sites qui n’offrent pas de garanties scientifiques, ainsi que l’avait noté Bertrand Lemonnier, dans une publication récente. Néanmoins, il y a une évolution qui est amorcée, qui va s’accentuer dans les années à venir, et qui va rendre progressivement Internet de plus en plus utile et nécessaire pour les chercheurs et pour les enseignants.
Concernant la période victorienne, on peut distinguer plusieurs types de sites présentant un intérêt : les sites encyclopédiques, les bases de données bibliographiques et iconographiques, les sites de musées et d’institutions, les messageries, les libraires et les bibliothèques. J’ai également recensé quelques sites littéraires, mais ce n’est pas ma spécialité.
1) Les sites encyclopédiques et les moteurs de recherche
Ce sont des sites qui condamnent sans doute, à terme, l’édition papier des encyclopédies, en raison du rapport entre la maniabilité et la simplicité d’utilisation d’une part, le coût d’autre part. Depuis l’automne 1999, le gros site, pour le domaine qui intéresse le chercheur sur la Grande-Bretagne, est celui de l’Encyclopaedia Britannica, en ligne gratuitement, avec un puissant moteur de recherche : http://www.britannica.com
Ce site compte plus de 100 millions de pages web, ce qui est considérable, ainsi que de nombreux liens vers les meilleurs sites relatifs à chaque entrée. Il est régulièrement actualisé. Cependant, il n’est pas exhaustif, et ne doit pas dispenser d’utiliser des moteurs de recherche si on veut recenser ce qui existe sur un sujet donné. Les moteurs de recherche et les annuaires ne fonctionnent pas tous de la même façon, et ne recensent donc pas les mêmes choses. Le moteur de recherche le plus efficace dans le domaine universitaire est peut-être Google www.google.com Mais si une recherche reste infructueuse, on peut utiliser d’autres moteurs comme www.trouvez.com ou www.altavista.com (indexe environ 300 millions de pages), ou encore l’incontournable annuaire Yahoo www.yahoo.com (fait avec une indexation manuelle), premier portail mondial, et plus particulièrement la rubrique " Histoire " de la version britannique :
http://uk.dir.yahoo.com/Regional/Countries/United_Kingdom/Arts_and_Humanities/Humanities/History , etc.
Pour l’histoire britannique, le meilleur site est la Spartacus Internet Encyclopaedia (conçu par la National Grid for Learning) qui contient 2 800 notices, fréquemment actualisées, sur l’histoire britannique de 1700 à 1950 :
http://www.spartacus.schoolnet.co.uk/Britain.html
Ainsi, voici les différentes petites encyclopédies qui sont reliées à Spartacus.
The Emancipation of Women: 1860-1920 - The Railways - London: 1700-1900 - The First World War - Education: 1700-1950 - Journalists & Newspapers: 1700-1900 * Book and Newspaper Publishers * Child Labour in the 19th Century * Religion and Society * Poverty, Housing and Public Health* The Slave Trade * Scientists and Engineers * Artists and Architects * Towns and Cities * Members of Parliament: 1750-1850*Members of Parliament: 1850-1950*Political Parties and Election Results * Parliamentary Legislation* Prime Ministers: 1750-1930*The Monarchy: 1760-1900*Entrepreneurs & Business Leaders* The Labour Movement * The Trade Union Movement *Parliamentary Reform: 1700-1832* The Peterloo Massacre * The Chartist Movement * Spartacus Educational
Chaque entrée comprend, en général, une notice, avec des documents iconographiques, des indications bibliographiques, et des sources primaires. On peut ainsi faire une recherche thématique (par exemple, sur le chartisme) ou une recherche plus pointue. Spartacus est moins un site de recherche qu’un site d’introduction au domaine. Les étudiants de premier et second cycles peuvent l’utiliser avec profit, tandis que les enseignants peuvent, par exemple, y trouver des documents : de nombreuses fiches sont agrémentées de sources primaires tout à fait utiles pour des travaux dirigés ou pour des sujets d’examen. Les illustrations ajoutent à la convivialité de l’encyclopédie.
2) Les grosses bases de données bibliographiques et iconographiques
Ce sont des sites dont on peut avoir besoin pour une recherche plus poussée. Ils regroupent souvent des milliers de références, et des dizaines ou des centaines de liens avec d’autres sites plus ou moins spécialisés. En général, ces sites mettent en œuvre les connaissances de dizaines de chercheurs, et sont souvent sous la responsabilité d’une ou plusieurs universités américaines, riches en moyens, et familières depuis longtemps avec Internet. On reconnaît ces sites par l’extension " .edu ", qui signale ainsi qu’il s’agit d’un site de niveau " recherche " (en Grande-Bretagne, les sites universitaires sont signalés par l’extension " .ac.uk ").
a) Dans le domaine de l’histoire, le site le plus ambitieux est celui de la Virtual Library de l’université du Kansas http://www.ukans.edu/history/VL/ qui met en œuvre les compétences et les moyens de plusieurs grandes universités américaines. Ce site offre des milliers de liens avec d’autres sites plus pointus. C’est le portail le plus utilisé par les chercheurs de sciences humaines, me semble-t-il. Cf., par exemple la partie United Kingdom http://www.ukans.edu/history/VL/europe/united_kingdom.html également accessible depuis le sommaire.
b) Le site American and British History Resources on the Internet http://www.libraries.rutgers.edu/rul/rr_gateway/research_guides/history/history.shtml (Rutgers University) est extrêmement documenté, avec des centaines de liens vers d’autres sites.
c) Un site des sites d’histoire : The Internet Modern History Sourcebook http://www.fordham.edu/halsall/mod/modsbook.html (Fordham University). Ce site traite, extrêmement riche, traite, entre autres, de la Grande-Bretagne, mais peut également permettre d’aller chercher des connaissances sur d’autres pays, indispensables pour comprendre les débats britanniques au XIXe (exemples de recherche : les révolutions de 1848, la guerre de Sécession, la guerre de Crimée, la Commune de Paris, l’Australie coloniale, la guerre des Boers, la révolution industrielle en Europe, la révolte des Cipayes, etc). Il donne accès à de nombreuses archives.
d) Plus spécialisé dans notre période : le Victorian Research Web http://www.indiana.edu/~victoria/ Ce site, sous la responsabilité de chercheurs de l’University of Indiana, s’adresse plutôt à des étudiants de 3e cycle et à des chercheurs. On peut y trouver un certain nombre d’informations pratiques pour préparer une recherche en Grande-Bretagne (bibliothèques, archives, logement, etc.), des plans de cours d’universitaires américains en ligne (peu utiles), des références bibliographiques.
e) Toujours sur la période victorienne : The Victorian Web
http://landow.stg.brown.edu/victorian/victov.html (Brown University). Ce site est très convivial, et comporte de nombreux documents iconographiques (exemple : des photos du Crystal Palace, des peintures, etc.) On y reconnaît le nom de George Landow, spécialiste de la relation entre littérature et peinture, et devenu théoricien de l’hypermédia. Cet exemple, parmi tant d’autres, témoigne de la continuité intellectuelle qui existe de plus en plus entre les publications papier et Internet.
f) Une collègue japonaise de l’Université de Nagoya (Mitsuharu Matsuoka) recense tous les sites victoriens. Sa liste comprend plus de 300 liens : Victorian Web Sites
http://lang.nagoya-u.ac.jp/~matsuoka/Victorian.html Voir aussi son index des auteurs du XIXe siècle (400 auteurs, de Malthus à Cobbett, de Wordsworth à George Eliot) :
http://lang.nagoya-u.ac.jp/~matsuoka/19th-authors.html
g) Le Victorian Census Project (University of Staffordshire, en Grande-Bretagne) :
http://www.staffs.ac.uk./schools/humanities_and_soc_sciences/census/vichome.htm
Ce site spécialisé numérise des sources et des documents sur la Grande-Bretagne du milieu du XIXe, en particulier les documents de nature statistique.
h) Le Labour History Research Index http://www.qbradley.freeserve.co.uk/
est un guide des sources Internet sur l’histoire du mouvement ouvrier britannique.
i) Interpreting the Irish Famine, 1846-1850. Ce site remarquable,
http://www.people.virginia.edu/~eas5e/Irish/Famine.html élaboré par Liz Szabo, une étudiante de l’université de Virginie, contient de nombreuses sources primaires sur la famine en Irlande
j) Enfin, il existe au moins deux sites français spécialisés dans les études de civilisation et d’histoire britanniques : celui de Michael Parsons : www.univ-pau.fr/~parsons/ et celui de Bertrand Lemonnier, http://www.Grande-Bretagne.net L’un et autre donnent accès à de nombreux autres sites spécialisés.
3) Musées et institutions
Ces sites sont évidemment bien plus nombreux, parfois superbes, et parfois décevants. Ainsi, quoique certains sites personnels soient remarquables par l’imagination ou l’originalité de leur auteur, ils sont rarement très volumineux. En effet, la conception, l’animation, la mise à jour d’un site nécessitent de gros moyens humains et financiers. Certains des sites institutionnels permettent d’utiliser pleinement les possibilités iconographiques et sonores d’Internet.
Quelques adresses utiles :
- le Victoria and Albert Museum http://www.vam.ac.uk/ On peut, par exemple, y chercher les meubles de l’intérieur victorien, des exemples d’habits et de costumes. Aussi disponible, via le V&A, la National Art Library http://www.nal.vam.ac.uk/ qui propose toute une série de projets numériques intéressants (design, architecture, numérisation des manuscrits de Dickens, etc.)
- le Public Record Office : http://www.pro.gov.uk On peut également citer la partie pédagogique du site : http://learningcurve.pro.gov.uk/snapshots On y trouve des exercices à base d’archives. Le site s’adresse à des élèves du primaire et du secondaire (questions du type : What did people think about the New Poor Law ? The 1833 Factory Act : a problem solved ? Was there much difference between the homes of the Victorian rich and poor? Did Victorians have fun? Who was onboard the Titanic ? Etc.)
- le UK National Register of Archives http://www.hmc.gov.uk/nra/nra2.htm est très précieux pour le chercheur qui ne sait pas où se trouvent les archives qui l’intéressent. Ce site indexe les références aux papiers et manuscrits d’environ 150 000 personnes, familles et organisations, en rapport avec l’histoire britannique. Par exemple, on peut savoir en quelques instants quelles sont les archives disponibles sur le chartiste Ernest Jones et les dix lieux différents où elles se trouvent.
- la BBC dont le site éducatif http://www.bbc.co.uk/education/history présente quelques animations sur la révolution industrielle, les droits des femmes, les l’univers de Dickens, ou encore du type " Who wants to be a cotton millionaire ? "
- l’Imperial War Museum dont le site présente les collections du musée http://www.iwm.org.uk/online/index.htm (en particulier, les archives sonores, dont des entretiens avec des vétérans de la Première Guerre mondiale) et met en ligne quelques expositions (dont une sur le Lusitania)
- le British Museum http://www.thebritishmuseum.ac.uk/ (le site est encore succinct mais s’étoffe)
- la National Gallery www.nationalgallery.org.uk où sont numérisées l’essentiel des œuvres exposées
- la National Portrait Gallery www.npg.org.uk où la plupart des tableaux de la collection sont en ligne, avec à chaque fois un commentaire, des indications sur l’artiste, la personne représentée, etc.
- celui de la Tate Gallery www.tate.org.uk recense les 25 000 œuvres qui appartiennent au musée, et 8 000 sont visibles en ligne.
- le Yale Center for British Art http://www.yale.edu/ycba/
- le site du Museum of London www.museumoflondon.org.uk est un peu décevant : on y trouve seulement une présentation qui reste assez générale
- le National Maritime Museum http://www.nmm.ac.uk/
- le site officiel de la monarchie http://www.royal.gov.uk qui est relativement bien fourni sur l’histoire et la généalogie de la famille royale
- le site du London Transport Museum http://www.ltmuseum.co.uk/
Enfin, le site du Musée d’Orsay commence à prendre forme :
http://www.smartweb.fr/fr/orsay/index.html
4) Les images
A condition de disposer d’un accès rapide (qui dépend à la fois de l’ordinateur, du modem, du réseau, de l’heure de consultation, etc.), on peut consulter, télécharger et imprimer des images (tableaux, caricatures, dessins, etc.). Autrement, la consultation d’images peut néanmoins rapidement se transformer en pensum pour l’internaute.
Pour les images, les principaux sites sont ceux des bases de données ou des musées évoqués ci-dessus. On peut ajouter un ou deux exemples :
- les archives Rossetti : http://jefferson.village.virginia.edu/rossetti/index.html On trouve notamment sur ce site les articles de Jerome McGann sur la théorie de l’hypertexte.
- plusieurs centaines de caricatures et de dessins des Cruikshank, sur le site de l’université de Princeton :
http://libnt6000.princeton.edu/Visual_Materials/cruikshank/index.html
- on peut consulter certaines œuvres de Gillray et de bien d’autres artistes sur la base de données Guildhall Art Gallery Image Database http://www.artcyclopedia.com/
- le site Images of England http://www.rchme.gov.uk/ioe/ qui met progressivement en place un archivage photographique des 370 000 monuments classés anglais (fin prévue en 2002).
- l’université de Virginie a créé une reconstitution virtuelle en trois dimensions du Crystal Palace : http://www.iath.virginia.edu/london/model/ On trouve également sur ce site des documents d’histoire sociale relatifs à l’édifice construit pour abriter l’Exposition de 1851.
5) La littérature
Bien que je n’utilise guère les sites littéraires, il me semble que ce domaine n’est pas moins riche sur Internet, au contraire. D’une part, de grands progrès sont accomplis chaque mois dans la constitution de bibliothèques virtuelles, c’est-à-dire de milliers d’ouvrages numérisés. Il s’agit en général d’ouvrages tombés dans le domaine public. Pour une recherche ponctuelle, ces outils peuvent être tout à fait pratiques.
On peut également se documenter sur la vie d’un auteur, voir des dessins qu’il a faits, des portraits ou des photos de lui, lire des critiques de ses ouvrages, des résumés des biographies le concernant, parfois visiter la maison où il a vécu, le musée qui lui est consacré, etc. Ces sites sont en général l’œuvre de passionnés, et certains sont excellents.
En dehors des bases de données mentionnées ci-dessus, on peut indiquer :
- le site littéraire le plus célèbre, maintenu par Jack Lynch (Rutgers University) http://www.andromeda.rutgers.edu/~jlynch/Lit Ce site contient des listes de sites classés par période, dont l’époque victorienne. A noter le tilde qui précède le nom : il indique que c’est une section de recherche personnelle placée par un enseignant sur le site de son université.
- British Poetry 1780-1910: a Hypertext Archive of Scholarly Editions at the Electronic Text Center http://etext.lib.virginia.edu/britpo.html Ce site est tenu par l’Alderman Library de l’University of Virginia et compte de très nombreux ouvrages numérisés. L’université de Virginie s’est en effet spécialisée dans le support électronique, tant pour le texte que pour l’image.
- la Modern English Collection, toujours à l’University of Virginia,
http://etext.lib.virginia.edu/modeng/modeng0.browse.html compte également de nombreux ouvrages de fiction en ligne. Par exemple, si on cherche à Dickens, on trouve les oeuvres suivantes en mode texte (qui présente sur le mode image le considérable avantage qu’on peut travailler sur le texte) : Great Expectations 1860-1861, American Notes 1842 Oliver Twist 1838 A Christmas Carol 1843 A Tale of Two Cities 1859 The Chimes 1844 David Copperfield 1850
- le Victorian Women Writers Project contient beaucoup de données sur les femmes écrivains victoriennes (George Eliot, les sœurs Brontë, etc.), dont de nombreux ouvrages en ligne (http://www.indiana.edu/~letrs/vwwp/index.html)
- le projet Gutenberg, maintenant assez ancien (1971), qui se donne pour objet de numériser l’ensemble de la littérature mondiale http://www.gutenberg.net et propose aujourd'hui plus de 2000 textes historiques et œuvres littéraires, ainsi que quelques encyclopédies et dictionnaires.
Quelques sites sur des auteurs :
- le meilleur site Thomas Hardy (260 000 visiteurs revendiqués) est, semble-t-il, celui de Mark Simons http://pages.ripco.net/~mws/hardy.html
Voir aussi le site de la Hardy Society (à Yale) :
http://www.yale.edu/hardysoc/Welcome/welcomet.htm
Les ouvrages de Thomas Hardy sont numérisés, en particulier par l’université du Maryland : http://www.inform.umd.edu/EdRes/ReadingRoom/Fiction/Hardy/
- sur Charles Dickens, le site le plus riche semble être le Dickens Project de l’université de Californie http://humwww.ucsc.edu/dickens/index.html Autre site sur Dickens, qui se trouve sur le Victorian Web sus-mentionné :
http://landow.stg.brown.edu/victorian/dickens/dickensov.html
- le CELT est le principal site irlandais de documents littéraires numérisés. On y trouve notamment l’ensemble des textes d’Oscar Wilde, avec recherche possible par mot-clé : http://www.ucc.ie/celt/wilde.html
- un site sur les sœurs Brontë : http://www2.sbbs.se/hp/cfalk/bronte1e.htm
- un site Jane Austen, avec un moteur de recherche :
http://www.pemberley.com/janeinfo/janeinfo.html
- un site japonais George Eliot : http://www.lang.nagoya-u.ac.jp/~matsuoka/Eliot.html
- sur Lewis Carroll, il y a d’une part la Lewis Carroll Society of North America http://www.lewiscarroll.org/ ; d’autre part,
http://www.ruthannzaroff.com/wonderland/index.htm est un remarquable site personnel interactif et ludique sur Alice in Wonderland
- Sur Robert Browning, voir également le Victorian Web
http://65.107.211.206/rb/rbov.html et le recueil Dramatic Lyrics de Robert Browning : http://www.eserver.org/poetry/dramatic-lyrics.txt
-un site Tennyson http://charon.sfsu.edu/TENNYSON/tennyson.html
- un site Victorian Ghost Stories également conçu par Mitsuharu Matsuoka. Il s’agit en général de nouvelles, qu’on peut lire en ligne, ou imprimer :
http://lang.nagoya-u.ac.jp/~matsuoka/ghost-stories.html
Etc. Il y a également de nombreux auteurs moins notables. On peut terminer cette liste par Gallica, le très riche site français de la BNF, avec 80 000 documents numérisés (dont malheureusement, de nombreux textes en mode image), en particulier pour le XIXe siècle : http://gallica.bnf.fr/
Il convient d’être prudent sur la qualité éditoriale des œuvres en ligne. Elle est rarement celle des livres imprimés. La qualité de la numérisation varie beaucoup d’un site à l’autre : certaines œuvres ont été dactylographiées, avec les inévitables coquilles ; la plupart ont été scannées, ce qui n’enlève pas tout risque d’erreur. De nombreux sites ne présentent ainsi pas de garantie scientifique. Les meilleurs sites sont sans doute ceux qui proposent des index et de moteurs de recherche efficaces (ex : recherche d’un mot ou d’une racine dans une œuvre). Pour un chercheur qui veut savoir ce qui existe sur un auteur, ou si un ouvrage donné est numérisé, la démarche à suivre est sans doute de commencer par les sites spécialisés (cf. supra, 2), puis, de consulter les moteurs de recherche, ainsi que le site de l’Encyclopaedia Britannica. Cependant, même si on ne trouve rien, cette méthode ne signifie pas que la matière recherchée n’existe pas sur la Toile. Il peut être utile de faire appel aux connaissances d’une liste de discussion, et donc à la sagacité de plusieurs centaines ou milliers de collègues à travers le monde.
6) Les messageries et les listes de discussion
Plusieurs messageries en rapport avec notre période fonctionnent plus ou moins sur le principe de celles de la SAES.
Les plus efficaces sont celles du réseau H-Net de l’Université du Michigan http://www.h-net.msu.edu/ : il s’agit de plus d’une centaine de listes consacrées à l’histoire, et spécialisées dans des domaines donnés. Chaque liste compte un comité de direction recruté sur des bases scientifiques, ce qui donne à la liste une caution académique que n’ont pas les sites commerciaux ou individuels. Il y a en général un modérateur, chargé de filtrer les messages, de limiter un peu certains abus, ou tout simplement de demander à un abonné de reformuler sa question, etc. H-Albion est le site de l’histoire de la Grande-Bretagne et de l’Irlande. C’est une liste très sérieuse, remarquable, avec peu de débats polémiques ou de bavardage. On y trouve des questions d’ordre historique ou pratique (Où se trouve tel fonds d’archives ? Quelqu’un peut-il donner des adresses pour se loger à proximité du PRO ? Quels sont les bons ouvrages sur l’Irlande au XXe siècle ou sur la Grande-Bretagne au XIXe ?), les annonces de colloques (dont certains sont en ligne, les participants se connectant à un site donné à une heure donnée), et de très précieux comptes rendus d’ouvrages. H-Albion est d’une production très raisonnable (5-6 messages quotidiens) et d’une grande qualité. On peut également consulter les archives de H-Albion en ligne.
Plusieurs autres sites peuvent intéresser les spécialistes de l’histoire du XIXe : H-ARETE (sports literature) H-Empire, H-Ideas (intellectual history), H-Diplo, H-Education, H-Film, H-Radhist (History, theory, politics, from a radical perspective) , H-Women, H-ArtHist (art history), etc.
Il y a d’autre part Victoria. Victoria est sous la direction de Patrick Leary, de l’université de l’Indiana, et regroupe plus de 2000 chercheurs à travers le monde, dont une grande majorité d’Américains. C’est une liste sans modérateur, où les messages sont directement envoyés par un membre à tous les autres membres, qui peuvent alors répondre, en privé ou publiquement. Peut-être pour cette raison, la production de Victoria est bien plus volumineuse (et, me semble-t-il, de qualité moyenne nettement moindre) que H-Albion : il faut compter en moyenne 20 ou 25 messages par jour, en histoire et (surtout) en littérature. Les problèmes abordés sont du même type qu’H-Albion : questions ingénues ou érudites, bibliographies, locations en Grande-Bretagne, annonces de colloques, appels à communication, comptes rendus de lecture, etc. A noter : on peut aisément suspendre (puis reprendre) son abonnement pendant les périodes de vacances, pour éviter de trouver plusieurs centaines de messages à son retour.
Enfin, des éditeurs comme Oxford University Press ont leur liste de diffusion : on peut recevoir la présentation des nouveaux ouvrages parus, ainsi qu’une information sur chaque nouveau numéro de revue. Par exemple, Past and Present www.past.oupjournals.org The English Historical Review www.ehr.oupjournals.org, History Workshop Journal www.hwj.oupjournals.org et toutes les revues d’OUP.
7) Les libraires et les bibliothèques
On peut, bien sûr, faire un usage commercial, mais aussi un usage documentaire des libraires en ligne. En effet, pour des ouvrages récents, les grandes librairies commerciales en ligne proposent des descriptifs et parfois des fiches critiques pour des ouvrages. Par ailleurs, elles permettent également d’acheter un ouvrage introuvable chez les libraires français, à un prix le plus souvent inférieur. On paye des frais de port, mais pas la majoration pratiquée par les libraires français ; comme la loi sur le prix unique du livre n’existe pas en Grande-Bretagne, certains ouvrages neufs sont à prix réduit. Une seule condition : avoir une carte de crédit.
En Grande-Bretagne, les sites les plus fournis sont, sans doute, l’inévitable Amazon.com, qui a son site outre-Manche http://www.amazon.co.uk, The Internet Bookshop Europe, le site du libraire W. H. Smith http://www.bookshop.co.uk/hme/hmepge.asp A noter que la logistique ne suit pas toujours. Les entreprises de la " net économie " ont souvent des installations en dur qui ne sont pas à la hauteur de leurs équipements virtuels, et, pour l’instant, une fiabilité bien moindre que celle d’une société de vente par correspondance ; et, pour la commande d’un ouvrage d’histoire britannique, se retrouver avec un manuel d’électronique n’est pas rare.
Pour les ouvrages d’Oxford University Press www.oup.co.uk et Cambridge University Press http://www.cup.cam.ac.uk/, il n’y a guère de réductions, et autant s’adresser directement à ces éditeurs. Ces deux sites sont très riches : en dehors de la classique recherche d’un ouvrage, on peut également y consulter les tables des matières, et les résumés des milliers d’articles publiés dans les dizaines de revues publiées par Oxford University Press et Cambridge University Press (The Historical Journal, Victorian Literature and Culture, Journal of Linguistics, etc.). De plus, ces sites sont fort conviviaux.
Il existe aussi des sites spécialisés dans les ouvrages épuisés. Par exemple, le site américain Bookfinder http://www.bookfinder.com/ parcourt les fichiers de plusieurs libraires d’ouvrages d’occasion. C’est l’équivalent américain du français http://www.chapitre.com Les prix sont dans l’ensemble élevés.
Quant aux bibliothèques, un nombre croissant d’entre elles mettent en ligne leurs catalogues. Voir ainsi :
- la British Library http://www.bl.uk , où l’on peut, par exemple, voir une superbe reproduction de la Magna Carta. Par le British Library Public Catalogue http://blpc.bl.uk/ on peut consulter le fonds de la British Library et de réserver des ouvrages
- The British Library National Sound Archive, qui présente de nombreux documents sonores http://www.bl.uk.collections/sound-archive/
-la BNF http://www.bnf.fr
- les Archives Nationales http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/
Surtout, le Système universitaire de documentation de l’Agence Bibliographique de l’Enseignement Supérieur www.sudoc.abes.fr donne accès aux catalogues numériques de 2900 établissements de documentation, dont toutes les bibliothèques universitaires. On peut ainsi, en quelques minutes, localiser un ouvrage.
On a maintenant dépassé le stade où, pour le chercheur en histoire ou en civilisation, Internet n’était riche qu’en potentialités. Aujourd'hui, le chercheur français en études victoriennes bénéficie des années d’avance des universitaires anglo-saxons. Le développement exponentiel des ressources Internet va se poursuivre, pendant encore plusieurs années. Certes, c’est un peu aujourd'hui un vaste ensemble, où se côtoient sites académiques, officiels, personnels ou commerciaux, le meilleur et le pire, etc. Mais, indéniablement, Internet permet déjà des gains de temps, d’efficacité (et d’argent) significatifs. Et tout laisse à penser, si on juge la façon dont la Toile a envahi d’autres domaines, que cette tendance va se poursuivre dans les années à venir.
Fabrice Bensimon
Université Paris X - Nanterre
Etudes Anglaises, vol. 55, n°1, (2002), pp. 51-61.