ETUDE : LES JEUX OLYMPIQUES DANS LA PHILATELIE FRANCAISE*


2017 : la candidature de Paris au JO de 2024 a été validée sans surprise par le CIO le 13 septembre au Pérou. Ce qui a donné lieu à l’émission d’une feuille commémorative « venez partager Lima »  pour la modique somme de 17,52 euros ! Il n’y a pas de petits profits. Mais l’engouement de La Poste  pour les Jeux 2024, qu’elle sponsorise  avec d’autres grands groupes français n’a pas toujours aussi remarquable. Si l’on s’intéresse à l’histoire philatélique, depuis la rénovation des Jeux en 1892-1896  par Pierre de Coubertin jusqu’à notre époque, la réalité est plus nuancée. Autant le dire en préambule, l’olympisme n’a jamais été le thème de prédilection de l’administration postale française.

Après 1992, les timbres commémoratifs olympiques sont nettement plus nombreux, un peu plus variés, avec quelques innovations à noter comme le timbre à forme étrange en 2004 pour les Jeux d’Athènes, issu de souvenirs philatéliques.
Athènes 2004
Toutefois la programmation olympique demeure assez incohérente. En fait un différend financier oppose le CIO à certaines administrations postales, dont La Poste. L'instance olympique internationale réclame en effet des droits marketing sur tous les timbres olympiques émis (même ceux à usage postal courant) et limite l'usage des symboles olympiques au logo de la ville hôte (et non plus les anneaux olympiques seuls).
Après 1992 et jusqu’en 2017, pas moins de cinq Jeux n’ont toujours pas de timbre dédié ! La période considérée débute pourtant par l’un des plus beaux timbres olympiques, consacré aux Jeux de Barcelone de 1992 et émis conjointement avec les Postes grecques.
Barcelone 1992
C’est ensuite une évocation assez indirecte  des JO d’été de 1996 à Atlanta, puisqu’il s’agit d’un timbre sur le centenaire des Jeux (avec les anneaux olympiques) mais sans aucune mention de la ville organisatrice, avec une photo assez médiocre d’un discobole, plutôt datant de 1900 et non de 1896.
Atlanta (?) 1996
Londres est snobée ou presque (en 2012, la capitale londonienne ayant évincé Paris qui pensait enfin obtenir les Jeux, mais la capitale et l'Etat français ont manqué leur campagne de lobbying) avec un timbre « sports » assez laid figurant Big Ben en arrière-plan mais sans anneaux olympiques, alors qu’il y a une émission olympique à Monaco. La riche Principauté a en effet acquitté les droits au CIO, même si c’est l'imprimerie nationale de Périgueux qui produit les timbres monégasques !
Londres 2012
Rio 2016 passe aussi à la trappe et il n’y a pas de Jeux d’hiver dans la philatélie française entre 1992 et 2002 (Lillehammer, Nagano, absents). Il faut attendre Salt Lake city en 2002 – avec le snowboard, toujours très spectaculaire puis Turin en 2006 avec le biathlon et enfin Vancouver en 2010 avec le patinage artistique) mais à nouveau rien sur Sotchi 2014 en Russie poutinienne!
   
En revanche, la philatélie n’oublie pas de célébrer les Jeux d’été de Sidney 2000, d’Athènes 2004 et de Pékin 2008 (avec un grand bloc coloré qui se veut en adéquation avec la Chine mais qui est d’un goût un peu kitsch), sans oublier la nouveauté du CIO, des Jeux Olympiques de la Jeunesse, qui tiennent leur première session d’été à Singapour en 2010 - puis à Nankin en 2014 et aussi en hiver à Lillehammer en 2016 - mais dont les objectifs en terme sportif demeurent assez flous.


On peut penser en conclusion que Phil@Poste va largement se rattraper en prévision de 2024, mais avant cela il y a plusieurs événements olympiques déjà programmés : Pyeong Chang en hiver 2018 (je ne sais pas trop où se trouve la neige, mais bon, il paraît que certaines montagnes atteignent au Nord 1700 mètres), Tokyo  en 2020 (l’été il y fait très chaud et la pollution y est intense) et Beijing pour l’ hiver 2022 (Pékin, ce n’est pas très montagneux et aussi très pollué, mais au Nord de la ville, il y a en effet des stations de ski à une heure de voiture comme l'attestent les photos officielles du Nanshan Ski Resort, la station huppée des Pékinois).


Donc vive Paris 2024, même si les philatélistes risquent d’en faire les frais (et les Parisiens aussi, soit dit en passant) !

Bertrand Lemonnier, novembre-décembre 2017.