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Les chansons de Noël : un choix raisonné !

C'est un peu l'exercice imposé de fin d'année : élaborer une play-list de chansons de Noël qui ne sont pas nécessairement les plus écoutées les soirs du 24 et 25 décembre mais qui sortent un peu des sentiers battus. Alors par quoi commencer ? D'abord un hommage à la "grande dame brune" qui a été très présente cette année, à travers des films (Barbara, de Mathieu Amalric avec Jeanne Balibar), des spectacles (celui de Depardieu, très émouvant), des disques/hommages (Elles et Barbara, le pianiste Alexandre Tharaud), des documentaires (Chansons pour une absente sur Arte en décembre). Il faut bien dire que dans les années 1960, Barbara a écrit une quinzaine de chansons parmi les plus belles du répertoire francophone d'après-guerre, dans un style qui n'appartient qu'à elle. "Joyeux Noël" date de 1968 et l'enregistrement qui suit est peut-être issue d'un Discorama de Denise Glaser, je ne sais, mais l'expressivité du visage de Barbara est extraordinaire, donnant vie à cette comptine malicieuse. On ne s'en lasse pas...

 

En deuxième choix, restons dans les années 1960. C'est en 1966 que le duo Lanzmann/Dutronc prend le contrôle du hit-parade en produisant des chansons pop au ton décalé, mais au rythme imparable, à prendre au deuxième sinon au troisième degré. Il paraît que Jacques Wohlsohn (leur producteur) voulait concurrencer en urgence le succès du jeune Antoine avec ses Elucubrations. Quoiqu'il en soit, Dutronc est pendant quelques années - avec Polnareff et Françoise Hardy - une alternative crédible aux succès pop britanniques. On retiendra donc pour cette thématique l'inévitable "Fille du Père Noël", mais de préférence dans sa version rock (avec le look correspondant) vers 1992.

 

Troisième choix du répertoire francophone, Petit Garçon, une chanson découverte en même temps que l'album du néo-zélandais Graeme Allwright, Le jour de clarté, édité aussi... en 1968 ! Dans ce disque se trouvent des adaptations en français de classiques du protest song et du folk américain, ainsi Pete Seeger et surtout le trop méconnu Tom Paxton, l'un des grands chanteurs contre la guerre du Vietnam. Et surtout, Graeme est celui qui a popularisé en France Leonard Cohen, la poète/chanteur canadien, à travers des traductions littérales mais convaincantes de SuzanneL'étranger (et sur d'autres disques Avalanche, Jeanne d'Arc, Les soeurs de la Miséricorde). De plus, il a adapté Bob Dylan, de façon peut-être plus convaincante que Hugues Aufray, ainsi "Qui a tué Davy Moore?", presque aussi bon que l'original. Petit Garçon est aussi une adaptation (Old Toy Trains 1967) mais de Roger Miller, un chanteur de country un peu oublié. Malheureusement, il n'y a aucune vidéo valable de cette chanson, je me contenterai donc d'une photographie de Graeme que j'ai prise au Festival de Villar-en-Val en 2011.

BL

Terminons le champ francophone. Non, il ne sera pas ici question de Tino Rossi mais de Florent Marchet, qui est à mon humble avis le meilleur artiste de sa génération (écouter notamment son dernière opus Bambi Galaxie et le collectif Frère Animal avec Arnaud Cathrine, Nicolas Martel, Valérie Leulliot). Il y a quelques années, Florent Marchet a repris non sans humour des chansons de Noël - et aussi les siennes, comme Courchevel - et les a jouées avec ses ami(e)s du Santa Claus Orchestra, notamment au Café de la Danse, à la Cité de la Musique en 2012. Voici un extrait de Vive le vent interprété à Nanterre en 2013 avec une fine équipe...

 

Laissons de côté les artistes francophones et passons la Manche ou l'Atlantique. Le rock n'a jamais boudé Noël et il est même difficile de faire un choix tant les chansons sont nombreuses et variées. Dans le rock britannique, j'ai à mon grand regret éliminé John et Yoko dont le Happy Xmas (War is Over) de 1972, sorti dans l'album Some Time in New York City est une vraie daube, le pire étant toute de même la version de Céline Dion en 1995. Mais pas de jaloux : le Wonderful Christmas Time de McCartney & Wings (1979) est encore plus nul et Le Ding Dong, Ding Dong de George Harrison (1974) n'est pas meilleur non plus. J'ai aussi éliminé de ma sélection quelques titres pas très catholiques (je veux dire pas terribles) de Queen, de Coldplay, de Status Quo ou de U2, ainsi que le Band Aid de 1984, Do they Know it's Christmas ? En revanche on pourra garder pour la route Father Christmas des Kinks en 1977, où s'exprime tout le talent de parolier de Ray Davies, tandis que le batteur Nick Avory est déguisé en Père-Noel. Don't mess around with those silly toys/We'll beat you up if you don't hand it over/We want your bread so don't make us annoyed/Give all the toys to the little rich boys. Yeah!

On ajoutera à cette interprétation une autre belle référence du rock anglais, j'ai nommé The Who, dont la chanson Christmas est tirée de l'opéra-rock Tommy (1969) et reprise dans le film éponyme de Ken Russell en 1975. Le film est un peu baroque mais les chanson tiennent encore la route : Tommy can you hear me ? See Me...Feel me...Touch Me...Hear Me...!!! Bon, Tommy n'entend rien, il est un peu bouché depuis le Blitz.

 

Avant de traverser l'Atlantique et aborder le champ très vaste du rock'n'roll US, un petit détour par l'Irlande et la voix somptueuse de Lisa Hannigan (une star dans son pays) avec le titre Snow, tiré de son dernier album.

Nous voilà donc aux USA, le pays de Santa Claus, et des centaines de (bons) titres rock sur Noël rendent le choix très difficile sinon impossible. De toute façon, il faut rendre un hommage aux Pères Fondateurs du Blues et du Rock. Alors oui, bien sûr, il y a Elvis qui nous chante Merry Christmas Baby, mais on pourrait aussi retenir les versions tout aussi bluesy de B.B.King et de Ray Charles, ou encore celle jazzy de Etta James. Tranchons dans le vif, ce sera The Genius car il est le seul à apporter la petite touche gospel qui convient bien à ce titre. Et puis, il y a - pourquoi pas? - tous les Merry Christmas de la Motown avec les Jackson 5, les Temptations, les Supremes, Stevie Wonder...

Revenons au rock. J'ai fait une sélection drastique et c'est tant pis pour tous les oubliés du Christmas song et des compilations qui fleurissent chaque fin d'année sur les plates-formes Deezer et Spotify. Premier choix qui s'impose à moi sans aucune discussion, le clip vintage et de mauvais goût des Ramones, Merry Christmas (I Don't Want To Fight Tonight), en 1989, sur lequel on peut vraiment danser le rock. Et il n'est pas interdit dans la foulée - mais on revient sur le sol anglais - de passer le Jingle Bells des Sex Pistols (?!) et d'essayer de ne pas tout casser en sautant à pieds joints.

 

Deuxième choix, Run-DMC, Christmas in Hollis (un quartier du Queens), avec encore un clip vidéo (MTV?) qui trahit son époque ! Mais ça déménage quand même sacrément...

 

Troisième et dernier choix un peu sentimental, en hommage au chanteur/guitariste Tom Petty, disparu il y a peu. Avec sa prestation - toujours radieuse - au concert Christmas 2000, organisé à la Maison Blanche pour aider l'association Special Olympics (qui milite pour l'intégration par le sport des personnes handicapées mentales). Happy Christmas rock'n'roll !

 


 

 



 

 

 

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